top of page

Etape 13: A travers la Turquie

Nous attaquons la traversée de la Turquie par une région peu touristique et très conservative: la côte Nord le long de la mer Noire. Après un passage mouvementé de la frontière (surchargée avec une queue chaotique que nous arrivons à esquiver de justesse avec les vélos), nous partons pour quelques jours de route complètement plate le long de la mer. Nous sommes vite frappés par deux éléments: aucune trace d'alcool dans les magasins et dans les restaurants (la bière récompense d'effort manque vite à Alexis) et un accueil formidable des locaux. On nous offre des fruits le long de la route, du thé, des cafés et parfois un repas complet! Nous rencontrons de nombreuses personnes, intéressées par notre voyage ou juste par d'où nous venons. Le contact est si facile que nous apprenons beaucoup sur la Turquie et sommes toujours aidés lorsque nous en avons besoin. Malgrès cet accueil et la jolie vue entre mer et montagnes, nous décidons de changer d'horizon et prenons un bus de Giresun à Kayseri, une grande ville au centre du pays. La Turquie est un grand pays, et il n'y a que peu d'autoroutes. Il faut donc 11h de bus pour ce trajet de 600km que nous effectuons de nuit en essayant de dormir tant bien que mal. Nous arrivons un peu à l'extérieur de Kayseri, que nous ne visitons pas (ce qui nous sera d'ailleurs "reproché" par nos futurs voisins de camping, habitants de la ville), car la gare d'autobus est sur la route que nous devons prendre pour nous rendre au petit village de Göreme et nous n'avons pas la force d'ajouter des kilomètres au compteur. La route est déjà suffisamment difficile dans cette région désertique sans aucun arbre et sous un soleil de plomb. Göreme est un petit village très touristique dans la région de Cappadocia, connue pour ses formations rocheuses en forme de cheminées et ses anciennes villes creusées dans la roche à l'époque Byzantine. Nous visitons quelques Églises avec de jolies fresques, de nombreuses habitations (certaines encore utilisées pour des hôtels, restaurants ou autres) et traversons la vallée Rose, un des multiples passages à travers ce labyrhinte de cheminées rocheuses. Le camping avec piscine et le Testi Kebab (viande cuite dans un pot en terre cuite) nous aident à reprendre des forces. Nous faisons une jolie rencontre au camping: deux familles turques campent pour la première fois, l'une des deux a habité en Chine et parle donc parfaitement anglais. Ils nous invitent à partager leur repas; l'échange est extrêmement sympathique. Nous reprenons un bus pour gagner une journée et arriver au lac de sel Tuz. Le bus nous dépose au coucher du soleil au bord du lac, où tous les touristes marchent quelques mètres sur le sel. Nous passons les magasins de souvenirs, et prenons la direction de la rive opposée sous le regard médusé des derniers touristes. Notre but étant de camper sur le lac, nous roulons deux kilomètres pour nous installer juste avant la nuit. Nous prenons quelques photos, commençons à installer la tente et préparer la tambouille du soir quand soudain nous encaissons une forte bourrasque. A partir de ce moment, la bataille contre le vent est ouverte et ne se terminera qu'au petit matin. Nous installons la tente dans la direction du vent, avec un maximum sardines plantées avec difficulté dans le sel, nous mangeons puis nous nous couchons. Pas pour longtemps hélas... quelques heures plus tard nous tenons la tente pour éviter qu'elle ne succombe au vent qui a changé de direction. Nous décidons de remettre la tente dans l'axe du vent, avec une ficelle attachée aux vélos pour retenir le tout.

Notre bricolage nocturne tient bon le reste de la nuit et nous pouvons repartir le lendemain pour finir la traversée du lac. L'autre rive nous paraissait proche mais les perspectives sont trompeuses. Après une dizaine de kilomètres, nous nous retrouvons devant une zone recouverte de 10cm d'eau. Nous hésitons entre la traverser et revenir en arrière, mais la perspective de faire 10 kilomètres sur le sel avec un puissant vent de face nous pousse à nous aventurer dans l'eau. Nous roulons dans l'eau salée, puis sur du sable où l'on s'enfonce de plus en plus, puis dans des champs pour enfin arriver à un village. Arrêt à la première mosquée pour laver les vélos (et nous-mêmes) sous le regard amusé des enfants du village et de leur maître d'école. On leur demande la direction du magasin du village, et ils nous montrent une maison fermée avec une seule porte d'entrée (aucune enseigne, ni vitrine), ils crient quelque chose par-dessus le portail et le propriétaire du magasin vient ouvrir son "épicerie", ou plutôt un dépôt de glaces, chips et autres snacks. Nous dégustons une glace, on nous offre des coca et nous filons en direction de la prochaine ville pour un vrai ravitaillement et retrouver la grande route qui nous mènera à Konya, une ville de plus d'un million d'habitants. Deux jours de route longue, rectiligne et désertique, il n'y a pas grand chose à voir, en revanche la nuit, dans notre campement au milieu de nulle part, nous profitons d'un magnifique ciel étoilé. Konya n'est pas une ville touristique, il y a peu de monuments, mais nous découvrons des belles mosquées et de jolies ruelles avec des petites échoppes vendant des produits locaux. Nous profitons de la grande ville pour acheter un porte gourde et un casque (resté dans le bus pour visiter Ankara plutot que le lac Tuz). Impossible de trouver un casque ailleurs qu'ici, puisque les turcs n'en portent pas. Nous sommes un peu perdus dans la grande ville et il est tard; notre recherche de logement se finit par un hôtel luxueux en bordure de la ville. Allez, c'est notre voyage de noces tout de même ! De plus, le buffet du petit-déjeuner valait le détour. De Konya, nous mettons le cap vers l'ouest en commençant par monter quelques centaines de mètres pour admirer la vue sur la ville avant de redescendre sur le premier lac, bleu azur. Les paysages sont toujours relativement désertiques, mais de plus en plus montagneux. Après quelques kilomètres, les premières forêts apparaissent. Pour arriver au lac de Beyşehir, la route nous gâte d'une longue descente en pente légere et régulière, parfait pour avancer vite et sans effort sur une grande distance. Malgrès le départ tardif de Konya, nous arrivons donc à avaler les kilomètres et planter la tente près du lac. Cette région des lacs est peu touristique et très jolie à traverser en vélo avec des paysages alternant entres champs de blé, pentes boisés, montagnes abruptes le long des lacs et seulement de petits villages le long de la route. Nous passons la nuit suivante au bord d'un autre lac, à Egirdir, dans probablement le seul camping de la région ou tous les locaux viennent passer l'été. Ce bord du lac est magifique et nous rappel le lac de Guarde. Nous sommes invités à manger chez nos voisins de camping qui parlent français car ils vivent à Bourg en Bresse, mais sont originaires d'un village que nous venons de traverser au bord du lac. Depuis Egirdir, il nous faut deux jours pour atteindre le site de Pamukkale que nous voulons visiter. Nous progressons vite, car une bonne partie de l'itinéraire est en faux plat descendant, de quoi régaler les cyclistes! Sur ces deux jours nous nous prenons tout de même une belle rincée, lorsqu'un orage éclate pas loin de nous et que l'averse qui l'accompagne nous trempe jusqu'au slip. Raffraîchissant ! La ville principale à côté de Pamukkale est Denizli, une ville de taille importante sans rien de particulier à visiter, si ce n'est quelques ruelles piétonnes étroites et couvertes abritant de nombreuse échoppes en tous genres. Nous mangeons une pide (une sorte de pizza turque) et allons visiter le site de Laodicea, les ruines d'une ancienne ville Romaine sur une colline environnante. De nombreux bâtiments sont encores bien visibles, dont deux grands théatres (jusqu'à 12 000 places!) et un stade encore plus grand. L'histoire de cette région est intéressante, car elle était riche et prospère durant une longue période, avant de subir plusieurs tremblements de terre et ne jamais réussir à s'en remettre. Nous poursuivons notre visite de la région avec le village de Pamukkale, un des site touristique majeur de Turquie. Le village se situe au pied d'une parois blanche de travertin où de nombreuses sources d'eau sortent et forment des piscines naturelles. Un chemin est taillé pour accéder au sommet de cette falaise, ce dernier ne peut être emprunté qu'à pieds nus pour ne pas salire la roche et éviter de mouiller les chaussures. Comme sur le site précédent, nous croisons de nombreux mariés venus prendre des photos (un samedi en été c'est normal!) au-dessus des cascades au soleil couchant. Nous nous dépêchons de parcourir les ruines de l'ancienne ville romaine Hierapolis avant la tombée de la nuit. Le lendemain, la chaleur est écrasante et nous essayons de profiter de la piscine style "boîte de nuit" du camping (musique à fond toute la journée) pour nous reposer un peu et réserver les ferry pour la Grèce. Nous regrettons un peu nos bivouacs dans la nature, mais la connexion internet est parfois appréciable et la douche aussi. Les ruines romaines sont monnaie courante en Turquie. Nous visitons ainsi un autre site: Ephesus, près de la mer Méditerranée. Sur ce dernier s'érigeait une grande ville romaine, avec un port important pour connecter cette partie de l'empire romain au reste du territoire. Des tremblements de terre l'ont également quasiment anéantie, mais les vestiges restent impressionnants, notamment un grand théâtre (toujours!) et la façade remise debout d'une des plus importantes bibliothèques de l'époque. L'ouest de la Turquie est chargée d'Histoire, et pas seulement romaine. En effet, il est presque certain que l'apôtre Saint Jean soit venu avec Marie dans cette région pour répandre le bonne parole après la crucifixion de Jésus. Depuis le début de notre traversée de la Turquie, les gens nous parlent de la maison de Marie, nous ne pouvons donc passer à côté, mais la route pour l'atteindre est raide et en plein soleil. Nous voulons emprunter un raccourci google, mais devons abandonner bien vite les vélos en raison de la forte pente sur une route caillouteuse. C'est donc après 3km pour 400m de dénivelé à pied par plus de 40 degrés que nous atteignons la chapelle bâtie sur l'emplacement de la dernière demeure de Marie. Nous redescendons en stop dans la ville de Selçuk, au pied de la montagne, pour visiter les ruines d'un château et d'une église dédiée à Saint Jean datant du 6ème siècle. Après cette journée culturelle, nous arrivons à Kuşadaisi, notre dernière ville en Turquie. Nous retrouvons Levent, un voyageur rencontré à Giresun, qui habite à Kuşadaisi. Enfin, plus précisèment son frère habite dans cette ville avec sa copine (Murat et Özben), mais Levent a tout arrangé pour nous lorsqu'il a su que nous passions par ici et nous débarquons ainsi chez son frère, qui nous laissera sa chambre pour dormir! Levent nous emmène manger des anchois fraîchement pêchés, et fera tout pour que nous puissions manger notre deuxième et dernier Künefe (un dessert Turque à ne pas rater!) avec Özben et Murat. Cette ville est très jolie avec un centre animé et un château sur une presqu'île récemment rénovée. Le lendemain matin tôt, Levent nous prépare le Khavalti (petit-déjeuner turc) et nous quittons la Turquie en ferry, après une longue attente au guichet, à la douane et à quais pour l'île grecque de Samos. La découverte de ce pays a été d'une richesse incroyable. Nous avons été gâtés par les magnifiques paysages, par la découverte d'une excellente nourriture et surtout par l'humanité des turcs et leur sens de l'hospitalité.

Post Recents
Archive
Chercher par tags
bottom of page