top of page

Etape 11: La géorgie

Après cette longue traversée de la mer Noire, nous débarquons sous une pluie diluvienne à Batumi en compagnie de Sabrina et Pierrick, des Bretons à vélo eux aussi, rencontrés sur le bateau. Nous nous réfugions dans un café afin d'avoir internet pour planifier les prochains jours. Nous mangeons pour la première fois du Khachapuri (pain, fromage, oeufs et beurre) avant d'aller dormir dans un spot de camping sauvage urbain soigneusement repéré au préalable, entre deux flaques d'eaux. Nos amis Bretons attendent toujours des nouvelles de leur visa pour l'Iran et nous nous séparons le lendemain matin pour rapidement visiter la ville. Batumi est un peu le Monaco de la Géorgie, comme la nommera un local plus loin sur notre route: des bâtiments ultra modernes et de nombreux Casinos le long de la mer et une place à l'aspect de Piazza vénitienne. Mais en allant nous promener derrière cette façade, nous découvrons des immeubles d'habitation décrépis et un marché proche d'un souk arabe: petit aperçu de ce qui nous attendra par la suite. Nous repartons de Batumi en direction du Nord le long de la mer pour rejoindre la route principale du pays qui le traverse dans toute sa longueur. En arrivant à la grande ville suivante, Koutaïssi, nous décidons de faire un détour afin de prendre de l'altitude et visiter l'arrière pays. Notre progression se fait plus lente, car nous nous heurtons à de sérieuses montées dans des pistes caillouteuses et boueuses. Des ouvriers nous offrant à manger et nous poussant à picoler ne font pas augmenter la vitesse moyenne de la journée, mais leur sympathie nous encourage! Ce détour est enrichissant et vaut l'effort supplémentaire. Nous visitons tout d'abord quelques monastères perchés dans les montagnes. Ces lieux étaient d'importants centres culturels et scientifiques au Moyen-âge en Géorgie. Nous campons, entouré par la nature, non loin de l'entrée d'une gigantesque grotte et nous longeons le lac artificiel de Tkibuli. Comme dans les pays pauvres que nous avons traversés jusqu'à présent, le contraste ville/campagne y est fort. L'entrée dans la petite ville de Tkibuli nous a particulièrement marqués; des immeubles apparaissant en ruine de loin (quasiment plus de crépis, certains pans de mur effondrés, balcons rouillés), sont en réalité habités, il n'y a pas vraiment de centre ville, la vie semble se dérouler le long de la grande route. En revanche, dans les villes de taille moyenne, comme Koutaïssi, le centre est joliment amménagé avec des terrasses de café, des restaurants et de jolis parcs. Nous en profitons pour goûter les mets locaux, et surtout leur excellent vin, dont ils sont très fiers. Épuisés par notre expédition montagneuse sur les routes raides et caillouteuses, nous décidons de redescendre prendre l'autoroute (et oui!) pour avancer plus vite en direction de la capitale, en appréciant le goudron tout neuf. Pas pour longtemps, car nous optons pour une plus petite route (une route de campagne de taille moyenne sur la carte) afin de faire un peu moins de dénivelé et d'éviter le tunnel de la grosse route. Grave erreur, car sur les 50 km de montée, seuls les 10 premiers sont goudronnés... la suite est une piste en mauvais état et très boueuse. Le parboue du vélo de Camille n'avait jusqu'alors pas montré une grande efficacité pour éviter de gicler la cycliste sur le vélo, mais il nous montre un nouvel atout: bloquer la boue entre lui-même et le pneu, si bien que le vélo se retrouve maintes fois embourbé, la roue complètement bloquée. Nous passons la majeure partie de la journée dans cette vallée encaissée, entre une rivière et une ligne de train. Nous croisons quelques hameaux avec ces mêmes immeubles délabrés, et heureusement un petit magasin pour acheter un pique-nique. Juste avant la descente, nous rencontrons des gens un peu trop enthousiastes de voir des touristes et avec qui nous devons faire des culs sec de bière (conditionnée en bouteille PET de 2l). Cela ne nous aide pas vraiment à conclure la montée, mais nous finissons tant bien que mal par sortir de cette vallée, après quelques chutes dans la boue et les vélos terreux jusqu'au guidon. Afin de nous remonter le moral, nous reprenons l'autoroute avec le vent dans le dos et avalons rapidement quelques kilomètres pour conclure cette journée douloureuse. Un détail nous avait échappé lors de la descente avec les vélos très sales: les freins v-brake de Camille que nous voulions changer à Tbilissi ont progressés rapidement dans leur usure, et par conséquent ont, aidés de la boue, fini d'user la jante de sa roue arrière. L'effet est radical: sa roue explose juste après la longue descente suivante. La moitié de la jante décide d'arrêter le voyage à 5km de Gori, et la chambre à air émet un majestueux boom de mécontentement. Une seule solution: marcher jusqu'en ville pour tenter de trouver une nouvelle roue. En entrant dans la ville, on nous indique un minuscule atelier de réparation de vélos où un jeune homme sympathique nous change la roue en un rien de temps, sous les regards amusés des curieux du coin.  Nous visitons en coup de vent Gori, la ville natale de Staline, puis nous repartons avec un faible espoir de ralier Tbilissi le soir-même. Ce dernier s'envole avec les premières bourrasques en sens inverse. Nous prenons alors le temps de visiter le village troglodyte de Uplistskhe, situé près de la rivère Mtkvari qui s'écoule de Gori à Tbilissi. Ce village datant de l'âge de fer, est de taille considérable, avec de multiples salles, ruelles, temples, et même un tunnel secret.   Les campings n'existent pas en Géorgie, mais le camping sauvage est autorisé. Pas de problème donc pour poser la tente où l'on veut. En revanche, les bergers insomiaques et alcooliques sont plus délicats à gérer. En particulier celui de cette nuit-là qui nous tient éveillés jusqu'à tard dans la nuit en nous éclairant à l'aide d'une puissante lampe et en carressant la tente...  Les multiples discussions avec lui restent infructueuses, le problème de communication allant bien au-delà de la langue, l'homme est comme dans un monde parallèle et n'a pas les yeux en face des trous (au sens littéral). Malgré ce détail bénin, l'emplacement de camping était de rêve, au bord de la rivière pour prendre un bain et avec une vue magnifique au coucher du soleil. Nous arrivons finalement à ralier Tbilisi le lendemain, après une traversée de plateaux déserts et 30km d'autoroute à trois voies dans la zone urbaine pour atteindre le centre ville. Nous décidons de prendre deux jours complets de repos dans une auberge de jeunesse très sympathique non loin du vieux centre.   Nous sommes rapidement conquis par l'atmosphère régnant à Tbilisi; un doux mélange d'Europe et d'Asie. Les ruelles piétonnes bordées de cafés et bar à vin branchés côtoient les bazars, marchés aux puces sur les trottoirs et marchés d'épices, fruits & légumes. Deux jours ne seront pas de trop pour flâner dans les ruelles, acheter des tendeurs de remplacement (dans une boutique minuscule mais dont les murs sont recouverts d'une multitude d'objets de toutes sortes) et visiter les monuments et musées de la ville. Nous passons ainsi par la "National Gallery", où les peintures d'artistes locaux sont exposées, ainsi qu'une exposition temporaire d'artiste chinois très intéressante. Le musée national quant à lui complète notre apprentissage de l'histoire du pays. Les territoires où nous nous trouvons sont habitées depuis plusieurs millions d'années, mais c'est seulement à partir du 4ème sciècle avant Jésus-Christ que la civilisation géorgienne prend son essort avec notament une production de magnifiques bijoux tout en finesse grâce aux nombreuses mines d'or. La Géorgie est aussi un des premiers pays à se déclarer chrétien, et par la même occasion ils créent leur propre écriture, basée sur le grecque ancien, qui évoluera ensuite pour prendre sa forme actuelle. L'histoire plus récente de la Géorgie, qui fait partie de l'empire Russe durant le 19ème sciècle, est plus sombre. Le pays se déclare indépendant en 1918 mais se fait envahir par l'armée rouge de l'URSS en 1921. De nombreux aristocrates, artistes, politiciens et révolutionnaires se font abattre tout au long de l'occupation bolchévique et ce jusqu'en 1991, année de création de l'état Gèorgien actuel (basé sur le modèle de 1918). Depuis la Géorgie ne cesse de se développer et d'attirer de plus en plus de touristes. Après la pause musée qui nous a fait du bien (surtout pour l'air conditionné), nous traversons la vieille ville et ne manquons pas de savourer le vin géorgien sur une terrasse. Nous avons le chic pour traverser des pays producteurs de bon vin, méconnu dans nos contrées! Nous traversons "Peace Bridge", un pont piéton moderne reliant le vieux Tbilisi au nouveau district, et visitons l'imposante cathédrale Sameba qui surplombe la ville, haut perchée sur sa colline. La ville étant située au fond d'une vallée, nous profitons de prendre un peu d'altitude en rejoignant la forteresse Narikala pour un magnifique point de vue sur la cité et les bains de souffre. La ville est en effet située non loin d'une source d'eau chaude, les bains existent ici depuis plusieurs siècles. La cuisine géorgienne vaut aussi le détour! C'est donc dans un petit restaurant typique que nous terminons l'une de nos journée de visite; compote (boisson réalisée à partir de fruits), Nagudi (fromage salé) mélangé à de la menthe, Abhazura (viande de porc et boeuf) et sa sauce à la grenade et Pelamushi (cake typique) satisfont nos papilles.

Une dernière journée de route nous permet de rejoindre la frontière arménienne. Nous dormons juste avant de la passer, à côté d'une station essence tenue par des gens originaire d'Azerbaïdjan très acceuillants. Ils nous offrent le repas, une pastèque et le café. Petit regret de ne pouvoir passer dans leur pays, faute de visa et de temps.

Post Recents
Archive
Chercher par tags
bottom of page